Kant utilise  l'expression de " folie religieuse " pour dénoncer les pratiques cultuelles  mécaniques et  ritualisées dont la seule religion chrétienne  aurait   réchappé  en  faisant  prévaloir le souci de bien
agir et de s'améliorer.

    Dans la mesure où il  mentionne volontiers que la loi morale va
son droit chemin sans  en  être  redevable à quelque religion que ce
soit, on ne voit pas  ce  que  l'endossement d'un  costume  religieux apporterait à la pure obligation morale ; et alors que ce placage fait
sans   cesse   courir  le  risque  d'étouffer  la  volonté  du  bien  sous
l'arsenal des institutions.

      A  cette  réserve  près,  la  critique  minutieuse  de  la perversion cultuelle, toujours  envahissante,  montre pourquoi l'esprit de culte
mérite  d'être  déclaré  insensé,  incompatible   avec ce que pourrait
être un Etre Suprasensible, dont chacun tente follement de s'attirer
les faveurs.

     Notre  dernière  partie  invite  à  prendre  ses   distances  avec la
célèbre  notion  de  Mal   radical  qui  résonne  comme un écho du
péché originel dont on  sait ce  qu'il a d'inquiétant à poser que tous
les  hommes  naissent sous  l'identique marque du mal quand nous
savons   que  le   choix   du  bien  ou  du  mal  est  un  engagement individuel.

     Le lecteur se réjouira de trouver au début de ce travail un rappel
de  l'ouvrage  publié en 2001 par Max  Milo sous le nom de " Traité
des  trois  Imposteurs  " dont les  auteurs, au 17e  siècle, familiers de Spinoza,  eurent  l'audace  de  discréditer  les  trois grands systèmes
propres à asservir les esprits en quête d'espérance face à la mort.